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Il était passé minuit, et la plupart des gens de la petite colonie de St-Boniface longeant le bord de la Rivière Rouge, dormaient déjà depuis fort longtemps. Sur la rive, cependant, un petit groupe de personnes était debout, attendant dans le calme et la tranquillité. Finalement, ils entendirent le son qu’ils attendaient. Au loin, survenait le bruit de pagaies et les chants étouffés par des voix fatiguées. Quelques minutes après, à 1 heure du matin le 21 juin 1844, deux canoës entrèrent en douceur sur le bord de la Rivière Rouge en face de la Cathédrale de St-Boniface, transportant quatre Sœurs Grises.

Mais qui étaient ces Sœurs qui venaient établir la première Mission dans l’Ouest Canadien, dans un endroit où le luxe de Montréal n’existait pas et où la vie n’était pas facile.

Ces Sœurs venaient de la congrégation religieuse des Sœurs de la Charité de Montréal également connu sous le nom des Sœurs Grises, fondé en 1737 pour venir en aide et prendre soin de ceux dans la misère. La fondatrice était Marguerite d’Youville.

Qui pouvait entreprendre un tel voyage en canot durant 58 jours, parcourant 1800 milles, faisant 150 portages dans le froid et la pluie, revêtu de vêtements mouillés, mangeant de la très mauvaise nourriture, harcelé jour et nuit par des moustiques, rencontrant des serpents et dormant à l’extérieur pendant la majorité du voyage?

Nulles autres que ces quatre Sœurs pionnières remplies d’un esprit d’amour, d’espoir, de compassion et de respect pour leur mère fondatrice, Sainte Marguerite d’Youville, n’auraient été en mesure d’entreprendre un voyage dans de telles conditions pour venir en aide aux plus démunis.

En effet, ces quatre Sœurs Grises acceptèrent l’invitation de l’Évêque Provencher, qui recherchait, une congrégation religieuse pour subvenir à l’éducation des jeunes filles de la colonie de Rivière Rouge et également apprendre à certaines des femmes de la colonie à s’occuper de tâches ménagères. Parmi le groupe des 38 Sœurs de la Maison Mère, 17 se portèrent volontaires pour venir en aide à la colonie de Rivière Rouge mais seulement quatre d’entres elles furent choisies. Il y eut Sœur Marie Lagrave (38 ans) infirmière et musicienne, Sr Cloutlée (24 ans) enseignante pour enfants, Sr Lafrance (29 ans) une femme énergique et toujours prête à donner de son aide pour faire avancer les choses, Sr Valade (35 ans) enseignante et leader du groupe.

Peu de temps après l’arrivée des Sœurs, Sr Lagrave à bord d’une charrette, décide de faire le tour de la colonie Rivière Rouge et de ses environs, et constate que plusieurs personnes sont malades. Les Sœurs Grises découvrent alors que les besoins de la colonie ne s’arrêtaient pas uniquement à l’éducation. Étant des femmes de compassion, elles ne pouvaient ignorer ces gens en souffrance. Prendre soin des gens devint, rapidement, l’occupation principale de ses Sœurs. Mise à part les visites à domicile, elles ouvrirent leur première salle d’hôpital dans leur couvent construit en 1847, où elles accueillirent malades et personnes âgées. De 1844 à 1855, les Sœurs firent plus de 6 000 visites à domicile. En réponse au besoin incessant de lits les Sœurs établirent donc l’hôpital de St-Boniface – ce fut, en 1871, le premier hôpital dans l’Ouest Canadien. En 1872, les Sœurs reçurent une subvention de 500 $ ce qui leur permit de faire 631 visites à domiciles, prendre soin de 117 patients et appliquer 886 pansements.

Il y avait une Sœur venant d’Ottawa qui fut rapidement connue sous le nom de Sœur Docteur. Son véritable nom était Sr Ste-Thérèse. Cette dernière fut kidnappée par les Métis, l’empêchant ainsi de repartir pour Ottawa, elle fut donc contrainte à rester et devint ainsi la première administratrice de l’hôpital Général de St-Boniface, lequel, en 1877, augmenta le nombre de lits à 10. Depuis ce jour, les soins hospitaliers continuent dans la communauté.

Par leur implication auprès des pauvres et des malades et les mourants à domicile, les soins apportés tant au niveau médical que pastoral, les Sœurs Grises ont ouvert plusieurs installations permettant ainsi à la colonie de devenir un meilleur endroit où vivre.

Les Sœurs, voyant le grand besoin de former du personnel, ouvrirent une école de soins à l’Hôpital Général de St-Boniface, afin de prodiguer une meilleure aide aux malades.

Les Sœurs ouvrirent l’Hôpital St-Roch en 1895, un hôpital accueillant des personnes atteintes de maladies contagieuses. Elles ouvrirent, par la suite, l’Hospice Tachent, accueillant les personnes âgées ainsi que les orphelins.

Tout en répondant aux besoins de santé de la colonie, les Sœurs Grises continuent à œuvrer dans le secteur de l’éducation, ouvrant des pensionnats à St-François Xavier, St-Norbert, St-Vital, Ste-Anne-des-Chênes, une école normale l’Académie de Provencher et l’Académie St-Mary’s. Plusieurs de ces écoles ont été transférées à d’autres congrégations religieuses parce que les Sœurs grises ont vu d’autres besoins à combler dans la communauté et elles étaient prêtes à prendre des risques.

Madame St-Amant gardait les enfants atteints de déficience mais n’eut point le choix après peu de les laisser aller. Elle les emmena donc chez les Sœurs Grises, et en un rien de temps ces enfants trouvèrent un foyer à  l’Hospice Taché.

Réalisant que l’Hospice Taché n’était pas le meilleur endroit pour ces enfants et que cela devenait trop petit par rapport au nombre d’enfants admis, les Sœurs Grises ont transféré les enfants à St-Vital, que l’on nomma, par la suite, St-Amant, où ils pouvaient finalement avoir un foyer bien à eux, un endroit où ils pouvaient grandir et apprendre selon leur capacités.  Saviez-vous que St-Vital était reconnu comme  étant un sanatorium: un établissement de cure destiné au traitement de la tuberculose, lieu qui était grandement apprécié et en demande durant l’épidémie de ladite maladie dans les années ’30 et ’40 ? Saviez-vous que lorsque le sanatorium n’était plus en grande demande, il devint la maison, pour les personnes âgées gravement malades, qui furent par la suite relocalisés au Foyer St-Boniface et par la suite au Foyer Valade à cause des besoins des enfants mentalement et physiquement atteints.

Les Sœurs Grises, voyant le besoin qu’avaient les jeunes adultes confrontés avec des troubles psychiatriques d’avoir un lieu à eux, ouvrirent Sara Riel. Ce centre connu la prospérité sous la gouvernance de Sœur Jean Ell et de ses successeurs. Conforme à l’esprit de compassion et l’amour pour Jésus et pour la Sœur Marguerite d’Youville de venir en aide à ceux étant dans le besoin, les Sœurs Grises se dévouèrent à répondre aux besoins dans les secteurs de l’éducation, le communautaire et de la santé parce qu’il n’y avait personne pour aider ces personnes. Aujourd’hui, les Sœurs Grises ont passé le flambeau aux laïques car nous les savons capables de continuer cet héritage de compassion et d’amour, un héritage de service véhiculé au travers de l’esprit des béatitudes. Nous croyons que la Providence sera toujours présente afin de nous guider à continuer de venir en aide aux malades, aux pauvres et aux marginaux. Ensemble nous sommes appelés à être vibrants et démontrer avec compassion des signes d’espoir au milieu de ce monde brisé.

Prions la Divine Providence avec amour et confiance; déclarons nos besoins et soyons reconnaissant pour les faveurs reçues.

Divine Providence vous êtes le promoteur de toutes les merveilles de Dieu.
Divine Providence vous êtes infiniment bon et infiniment grand.
Divine Providence vous nous avez donné la vie et vous nous avez protégés.
Divine Providence vous êtes notre espoir et notre salut.
Divine Providence vous êtes le soutien des pauvres.
Divine Providence vous êtes notre guide sur le chemin du paradis.
Placez tous vos besoins en Dieu et Il vous nourrira.